En allant à Kyoto cet été, je suis passée Sannenzaka (une partie du quartier de Gion) détour obligé des touristes: c’est tout le passé de Kyoto qui ressurgit dans ces ruelles pavées aux façades brunes, constructions basses, aux rues vides de voitures ou vélos.
C’est là que j’ai croisé ma première « geisha »… Plus souvent appelée geiko à Kyoto, c’est une dame de compagnie raffinée, réservée à une clientèle très aisée, et dédiant sa vie à la pratique d’excellence des arts traditionnels japonais. Le mot « geisha » peut s’interpréter comme « femme qui excelle dans le métier de l’art ».
Les geishas étaient nombreuses aux XVIIIe et XIXe siècles. Elles existent encore dans le Japon contemporain bien que leur nombre soit en très forte diminution (17 000 dans les années 1980… environ 200 de nos jours). Il y a aujourd’hui une centaine de maiko (apprenties geiko/geisha) dans les maisons de Kyoto.
L’ouverture des maisons de thé en 1712 marque le début du métier, mais à cette époque ce n’était encore que des hommes! C’est seulement en 1800 que la profession deviendra exclusivement féminine. Il faut savoir que c’est l’interdiction totale de la prostitution en 1957 qui démarqua définitivement les geishas des prostituées. Aujourd’hui il est possible qu’une geisha ait des relations plus ou moins suivies avec des hommes, mais elles restent généralement très discrètes car la réputation de la maison-employeur (okiya) en pâtirait: les geishas sont censées être et rester célibataires; celles qui se marient abandonnent leur métier.
Concernant la tenue de ces demoiselles: les couleurs du kimono se choisissent selon la saison, mais aussi selon l’âge de la porteuse : les jeunes femmes portent des couleurs vives et celles de plus de trente ans choisissent des couleurs plus discrètes. Les kimonos étant tous de la même longueur, quelle que soit la taille de la porteuse, elles ont souvent recours à un habilleur qui saura dissimuler les plis du tissu.
Le kimono est noué dans le dos par une large ceinture de soie: le obi. Cet obi se noue différemment selon l’âge de la geisha : les femmes mûres le portent en « nœud de tambour », mais les maiko le portent « en traîne », presque par terre, avec un nœud qui remonte jusqu’aux omoplates.
Ce nœud dans le dos permettait également de distinguer les geishas des prostituées, qui nouaient leur obi sur le devant pour pouvoir l’enlever et le remettre plusieurs fois au cours d’une soirée.
Petite astuce pour distinguer facilement une geiko d’une maiko: leur col dans le dos. Ce col est traditionnellement cousu chaque matin à la combinaison/sous vêtement choisie par la geisha, puis décousu le soir pour être lavé. Il est rouge (couleur associée à l’enfance) pour les maiko, et blanc pour les geishas confirmées.
Il faut aussi savoir que le maquillage que l’on associe aux geishas est en réalité celui des maiko: en vieillissant les geishas ne se maquillent presque plus, sauf pour des soirées particulières.